Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/59

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les femmes de théâtre en ont de temps en temps, un coup de cœur pour un inférieur, pour un moucheur de chandelles, — pour un coiffeur. Tout à coup, on vit l'illustre chanteuse se promener en tenue bourgeoise, en petite robe, et en compagnie des siens, avec son friseur, le sieur Lacroix, devenu l’ami de cœur et le monsieur. Un moment le bruit de Paris fut que l’actrice allait se marier avec cet amant infime, et le ministre, dans une audience, plaisantait spirituellement la chanteuse de son goût[1].

XIV


Mais en même temps que dans Paris on avait appris la rupture de Sophie avec Lauraguais et sa liaison avec M. Bertin, entremêlée, à quelques mois de là, de passades avec M. de Monville, le prince de Gonti et son friseur, la nouvelle s’était également répandue de la réconciliation des deux anciens amants et de la reprise de leurs jeunes amours. Et M. Bertin — au dire des chroniqueurs, — désintéressé et remboursé de tous ses frais par Lauraguais, les deux amants s’étaient retrouvés et recommençaient, de gaieté de cœur, leur ménage d’enfer, leurs brouilles, leurs infi-

  1. Journal des Inspecteurs de M. de Sartines. 1863 (années 1761,1762,1763).