Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/60

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délités, leurs raccommodements trempés de larmes. Les batailles et les disputes furent plus vives que jamais, les reproches plus envenimés, les jalousies plus injurieuses, les inquiétudes plus calomnieuses. Jusqu’où les accusations et les justifications allèrent entre eux, un très curieux certificat du médecin Morand, autrefois possédé par M. Boutron, nous le montre crûment. Voici ce certificat :

« Je certifie avoir visité Mlle Arnould avec la plus grande exactitude et ne lui avoir trouvé nulle marque ni simptome (sic) de maladie vénérienne d’aucune espèce. À Paris, ce dix décembre mil sept cent soixante-deux. »

« Morand


Du reste, pendant le XVIIIe siècle, hommes et femmes du monde galant se jettent fréquemment ces sortes d’accusations à la tête, et cette pauvre Sophie est vraiment un peu souvent sous le coup d’accusations semblables. À deux mois du certificat donné par le chirurgien Morand, en février 1763, un rapport d’un inspecteur de M. de Sartines dit : « M. le duc de Fronsac, las apparemment défaire des soupers journellement en petite maison avec des filles de débauche, s’est emparé totalement de la demoiselle Dubois de la Comédie-Française. C’est lui, lorsque cette demoiselle a débuté dans le monde, qui lui a fait