Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/333

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est le pouvoir qu’elle donne au propriétaire d’en user et d’en abuser. »

Et qui donc alors est plus propriétaire que l’inventeur ? Cette œuvre qu’il crée, ne peut-il pas l’anéantir ? Ne peut-il la garder secrète ? Même en l’exploitant, ne peut-il pas dérober ses principes à tous les regards et les emporter avec lui dans la tombe ? N’est-il pas le maître de la transporter où il veut ?

Enfin vous ne voulez pas admettre ces arguments ; vous niez mon droit de propriété, à moi inventeur ; eh bien, à votre aise ! J’ai inventé une machine qui doit augmenter la richesse sociale d’un produit de 40 ou 50 millions par an ; vous, consommateurs, vous en retirerez un bénéfice immense. Vous ne voulez pas partager ce bénéfice avec moi ; vous voulez le garder tout entier pour vous, et vous m’envoyez, moi son créateur, mourir sur quelque grabat... Comme vous voudrez ! Je garderai mon invention pour moi ; elle me suivra dans la tombe ; vous n’en profiterez pas. J’ai voulu vous faire riche et vous voulez me laisser pauvre ; eh bien, je ne vous enrichirai pas ! Vous ne voulez pas remplir à mon égard la loi de réciprocité ; à mon tou je ne veux pas vous être utile ; c’est mon droit !

Qu’avez-vous à répondre à ces paroles ; il ne vous reste plus qu’une ressource : c’est d’avoir un tortionnaire, une roue, un chevalet, des coins, de l’huile bouillante, du plomb fondu, et de m’arracher mon secret parla question ; c’est de créer une inquisition de l’intelligence !

V

Ce n’est pas assez de nier la propriété des inventeurs, de ne leur accorder qu’une protection factice, fictive en quelque sorte, et de la leur faire payer un prix exorbitant ; il y a des hommes qui vont jusqu’à dire que l’inventeur n’a au-