Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/19

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Ou bien quelque hibou que mon pas effarouche
Qui s’envole en jetant sur moi son regard louche ?
Chut ! j’écoute. — Mais non, plus rien, rien, tout se tait.
Et dans l’obscurité, sombre abîme muet,
Comme en un lac profond une pierre qu’on jette,
S’est perdu cet étrange bruit qui m’inquiète.
La route blanche fuit entre les noirs buissons,
Et les arbres, émus par les vagues frissons
Du soir, prennent aux yeux des formes fantastiques ;
Et comme pour scander par ses pauses rythmiques
Ce silence profond, arrive par moments
De la mare lointaine où les saules dormants
Mirent leurs troncs noueux aux profils de gargouilles,
Le coassement rauque et triste des grenouilles.