Page:Hachette - Correspondance sur l’École Royale Polytechnique à l’usage des élèves de cette école, tome 2, 1813.djvu/56

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et dont la dernière, cependant, contient la solution cherchée. La première fois que vous les employâtes, vous dûtes être surpris de la puissance de la science, en la voyant s’emparer de l’inconnue, la traiter comme une quantité positive, la soumettre à ses opérations, et après des combinaisons plus ou moins longues, la forcer de se révéler elle-même. Vos jeunes imaginations ne se rappeloient-elles pas alors ce géant de la fable qui, vaincu, altéré, n’avouoit son nom et sa nature qu’après avoir pris mille formes diverses pour échapper à son vainqueur ?

J’aime à vous parler, jeunes Elèves, la langue de vos études ; j’aime à parer mes discours des couleurs de l’antiquité : elles plaisent à la jeunesse ; elles sont brillantes comme les pensées de cet âge. Vous n’y êtes point étrangers, puisque les belles-lettres ont du faire partie de vos études ; elles auront eu de l’attrait pour vous. Les jeunes mathématiciens comptent ordinairement pour des heures de récréation le temps qu’ils leur consacrent. Ah ! conservez toute votre vie le goui des lettres, ce goût de toutes les jouissances de l’esprit ; et puisque la langue de Cicéron doit vous être familière, apprenez par cœur l’éloge qu’il en fait. Il a révélé la pensée de tous ceux qui, dans tous les siècles et dans tous les pays, les ont cultivées et leur ont dû les momens les plus heureux de leur vie.

Je ne vous parle pas de l’obligation où vous êtes d’écrire correctement la langue française ; il est si honteux d’ignorer sa propre langue, que je vous ferois injure en regardant comme une difficulté l’examen que vous devez subir à ce sujet.

Le Dessin, qui est une extension du langage, on au moins un supplément à l’art de peindre la pensée, le dessin fait encore partie des études de l’École Polytechnique. Son étude est utile, et peut-être trop négligée dans toutes les conditions de la société. Elle est indispensable et exigée dans celle que vous embrassez.

Voilà, jeunes Elèves, le cercle dans lequel seront renfermés les Examens que vous allez subir. Il est vraisemblable que, dans le nombre de ceux qui se présentent cette année au Concours, tous ne seront pas admis. Que ceux à qui la palme aura été refusée, ne voient, dans cette circonstance, qu’une raison pour redoubler de travail, afin de se présenter avec plus d’avantage aux examens de l’année prochaine.

Ceux qui auront mérité le suffrage de M. l’Examinateur auront la perspective prochaine d’entrer au service de l’État. Cette nouvelle destination leur imposera de nouveaux devoirs, et doit appeler leur attention sur des objets plus sérieux que ceux qui les ont occupés jusqu’à ce jour. Qu’ils ne perdent jamais de vue que, dans la carrière où ils sont près d’entrer, et sous le