Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/147

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poete, d’un ami sur et loyal, en un mot d’une des personnalités les plus hautes et les plus charmantes dont l’histoire des lettres ait conservé la mémoire. Plus que les événements de sa vie, c’est la physionomie de l’homme qui nous attache, en Pétrarque. Chacun de ses traits s’oppose de la faqon la plus nette a ceux de Dante: en regard de cette ame fiere et inflexible, inébranlable dans ses affections comme dans ses haines, qui s’est dépeinte sous l’image d’un roc solidement assis sur sa base : Ben tetragono ai colpi di ventura, Pétrarque est essentiellement ondoyant et divers, impressionnable, souvent inconséquent avec lui-meme, partagé entre plusieurs affections contraires : attaché aux joies de la terre par tous les liens d’une nature avide de plaisir, de gloire et d'honneurs, il est tourmenté par le remords, par le désir de s’arracher à taut de séductions trompeuses ; son amour ne lui donne aucune des consolations qu’il en attend, et il se décrit lui-méme avec toutes ses contradictions dans un sonnet fameux :

Pace non trovo e non ho de far guerm;
E temo e spero; ed ardo e sou un ghiaccio;
E volo sopra ’l cielo s ginccio in terra;
E nulla stringo e tutto ’l mondo ubbraccio *[1].

Ces perpétuelles alternatives d’enthousiasme et d’abattement, indices certains d’une nature passionnée et d’une volonté faible, mettent dans l’ame de Pétrarque un sentiment profond de mécontentement et de mélancolie, alors tout nouveau dans la littérature. Dévoré par la soif de s’instruire non moins que par le besoin de se

  1. « Je ne trouve pas la paix, et je n’ai aucune occasion de guerre ; je crains et j’espère, je brûle et js suis de glace ; je m`élance dans le ciel, et je reste attaché au sol ; je veux saisir le monde entier dans mon étreinte, et je n’embrasse rien. »