Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/149

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et s’il dédaigna les agitations mesquines de la politique municipale, il cut l’ambition de travailler au relévement de l’Italie. Par malheur, au service de cette noble cause il apportait les conceptions idéales et sentimentales d'un poéte, plutot que le coup d’oeil pénétrant et sur de l’homme rompu aux affaires. Ses principes memes étaient bien flottants : d”une part le souvenir de la grandeur de Rome, h l’époque républicaine, le hantait a tel point qu’il put croire au succés de ln folle‘entreprise de Cola di Rienzo (1347) : il se flatta de voir effectivenient rétablie I’institution du tribunat, et cette illusion prouve asscz qu’i1 jugeait mal la situation réelle de Rome, comme la valeur du tribun. D’autre part, il continuait a demnnder, comme Dante, le salut de l’Italie au relévement de Rome, par le retour des papes et l’intervcntion de l’empereur. Mais Pétrarque ne sait guere qu’adresser à l’un et à l’autre de chaleureuses exhortations au service desquelles il déploie toutes les séductions de son éloquence ; puis lorsque Charles IV, venu en Italie en 1354, eut trompé son attente, l’exhortation se changea en invective. Entre temps, il se laissait toucher par les honueurs que lui prodiguaient certains princes, aussi peu respectueux de la morale que des libertés italiennes, comme les Visconti de Milan ; devenu leur hôte, il s’attirait de son ami Boccace une sévère réprimande. Le spectacle des divisions qui désolaient l’Italie lui causait une profonde tristesse, et il essaya de s’interposer entre ces deux adversaires irréconciliables, Venise et Gênes ; mais c’était encore une singulière illusion de croire que ces républiques de marchands, également décidées l’une et l’autre à anéantir leur rivale, pour s’assurer l’empire de la mer, se laisseraient fléchir par de beaux discours !

En somme, avec beaucoup de générosité, Pétrarque