Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

186 LITTIQRATURE ITALIENNE poignard des Pazzi, les Stanze per la Giostm ne se composaient que d`un Iivre en 125 octaves, suivi des 46 premieres octaves du second livre: il n’y était pas encore question du tournoi. L`ceuvre ne fut pas achevée; mais ce fragment constitue un des morceaux les plus justement fameux et les plus charmants de la poésie italienne. C’est une série de tableaux qui se rattachent a deux épisodes bien distincts : la chasse de Julien et sa rencontre avec la belle Simonetta Cattaneo, qui a raison de ce cmur jusqu’alors rebclle a l’amour; puis la des- cription du palais de Vénus, a qui Cupidon vient raconter sa victoire. Le Politien s’inspire tres directement d`Ovide, de Stace et surtout de Claudien; mais il s`est si parfai- tement assimilé leur maniere et leur style, sa sensibilité artistique trouve dans Ia mythologie une matiere si conforme a ses gouts, que l’imitation, loin d`etouiI`er la personnalité du poete, la fait mieux ressortir. La pre- miere partie cst particulierement originale, non d’inven· tion mais de sentiment: on y releve des traces d’esprit chevaleresque, et des réminiscences de la poésie amou- reuse du x1v• siecle, qui se fondent en un mélange d`une saveur tres spéciale. Une des plus célebres peintures de Botticelli, le Printcmps, offre avec l’exquise scene ou Simonetta se présente aux yeux de Julien des ressem- blances qui ne peuvent étre fortuites; les deux oeuvres ne completent pour exprimer le réve d`une époque' éprise d’art et de joie. La nature y apparait sous 'un aspect purement idyllique : le printemps en fleurs est le cadre nécessaire de la beauté. Celle-ci a pour unique office de charmer; point de passion profonde comme chez Pétrarque, nulle trace du symbolisme compliqué cher a Dante, ricn meme de cette ivresse sensuelle a laquelle Boccace s`abandonne si volontiers; peu d`ame