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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/207

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un somme ; mais en échange une harmonie, une sérénité, un désir de plaire, unc douceur de vivre qui rarement ont été rendus avec cette délicatesse.

Du Politien, commc au rcstc dc Pulci ct dc Laurcnt, nous possédons quclqucs lcttrcs, spécimens précieux de prose familiérc. Mais au momcnt ou lcs libres chansons dc caruaval rimécs par Laurcnt rctcntissaicnt dans lcs rucs dc Florcncc, l’éloqucncc sacréc tonnait du haut dc la chairc dc S. Maria dcl Fiorc avec unc vigueur inattcnduc : l’austérc dominicain fcrrarais, Jérome Savonarole (1452-1498), brusqucment transporté nu milieu de l’épicurisme élégant de Florence, y renoua les traditions du pur ascétisme médiéval, encore représenté a cette époque, dans la littératurc, par Fco Bclcari (1410- 1484), autcur dc laudi, dc rappresentazioni ct dc traités picux. Savonarole s’éleva de toute la force de sa foi, et avec toute la fougue de son âme passionnée, contre l’influence énervante du régime ou Laurent, puis son fils Piero, tenaient Florence engourdie ; il prêcha la réforme des mœurs ; il prophétisa les humiliations qui allaient être infligées à l’Italie, réveilla dans les cœurs l’amour de la liberté, et annonça que l’Eglise devait sortir renouvelée de son abjection présente. Son rôle appartient à l’histoire ; mais ses sermons, d’une rudesse d'accent toute populaire, rehaussée par un coloris biblique très prononcé, sont un monument considérable de l’éloquence chrétienne au xv° siècle.


III


La Toscane, foyer puissant de Renaissance, rayonne, à la fin du xv° siècle, sur toute l’Italie : ses artistes vont de ville en ville, laissant des traces de leur passage