Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/210

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190l LlT’1‘éRA'l`URE xuusmvx mauvais gout dont il faudra reparler bientét rv), h propos d’autres rimeurs affligés dc la meme intempérance de métaphores. Celui qui illustra vraiment la protection de Hercule I" fut Matteo Maria Boiardo, comtc dc Scan- diano (1434-1494), geutilhomme lettré, qui déploya de grandes qualités d`administrateur, actif, loyal et soucieux du bicn public, dans les emplois importants qui lui furcnt confiés, en particulier comme capitaine de Modenc et de Reggio. Elevé at l’école de l’humanisme, Boiardoa laissé des essais distingués en vers latins; il traduisit divers ouvrages d’Hérodote, dc Xénophon, d’Apulée, rima en langue vulgaire des églogues, une adaptation scénique du dialogue de Lucien, Timon, et trois livres de canzoni et de sonnets amoureux, ou s’affirme un temperament poétique des mieux doués. Mais son véritable titre do gloire est le poemc intitulé : Orlando irmamorato. Lorsqu’il entreprit de conter les aventures des preux de Charlemagne, ce noble seigneur, ce parfait chevalier, ce dévot des lettres antiques, cette ame délicatc et sensible apportnit a sa tache des dispositions d’esprit entierement diII`érentes de celles que l`on a vues chez Pulci. Tout l’attrait du Morgante résidc dans Pattitude tres particu- liere, tres délicate meme il définir, de l’auteur eu face dc son sujct et de ses héros. En dehors de la personnalité de Pulci, la valeur du Morgante se réduit prcsque a rieu; c’était donc unc oeuvre condamnée in l’isolement, inca- pable de faire écolc. Le parti que Boiardo sut tirer de ces vieilles légendes fut autrement original et fécond. Dans cette région lombarde et véniticnnc, ou l’épopée caro- lingienne et les romans bretons avaient été en grand honncur au xm' et au x1v' siecle, lc souvenir d’Arthus et des chevaliers errants n’était pas resté moins vivacc que