Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/225

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LA pnoss rnxnnrr LA Pnmuiknu Morrré no xv1° s. 205 le prince doit posséder certaines qualités, mais il lui sulfit souveut d’en avoir les apparences, net a l’occasion la violence ou la trahison seront ses armes. Qu`il tziche de ne pas se faire hair; mais il vaut encore mieux étre craint qu’aimé, et il y a souvent un intérét supe- rieur il se montrer sans pitié, ou méme a violer les promesses l`aites (ch. xvu et xvm). Toutes ces considéra- tions, déduites avec une logique impeccable, et appuyées d’exemples nombreux, constituent ce qu’on appelle le (4 machiavélisme », en vertu duquel l’auteur parle, sans géne apparente, de << belles vengeances » et de << ver- tueuses trahisons ‘ ». Cette immoralité politique a fait scandale, et a valu au nom de Machiavel la plus triste réputation. Mais s’il est vrai que ces préceptes sont odieux, il n`est pas équitable de prétendre que Machiavel les ait érigés en doctrine. Le probleme qu’il se pose, et qu’il retourne en tous sens avec une implacable rigueur de raisonnement, est plus particulier, plus limité qu`on ne le croit communément : il se place sur le terrain des faits contemporains et de l’action immédiate, non sur celui des principes éternels; son enquéte a un caractere nettement scientifique, et, comme telle, elle demeure étrangere 51 la morale. Le chirurgien, qui n`hésite pas a entreprendre une opération désespérée, n°a pas un instant la pensée que les pratiques dangereuses auxquelles il se livr• doivent étre générali·· sées. Lui oppose-t·on que u Lu fin justifie les moyeus » est un précepte immoral? De méme Machiavel fest con- vaincu que l’ltalic, dans l’état oi1 il la voyait, pouvait encore élre sauvée si un prince aduptait telle ou telle 1. On sail, que, pour les contempornins de Macl1i¤vel,l¤ virlri ne désigue nullemeut ce que nous uppelons vertu, mais slmplement le déploiement do Yénargio iudividucllo, Yuptitudo A Faction.