Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/260

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$40 Lirrénnuas ITALIENNE que l`on ne retrouve en aucun autre passage du poeme. Ainsi la personnalité de l’Arioste perce d’un bout 5 l°autrc du Roland furicux, avec tous les souvenirs, toutes les impressions qui se pressent dans son esprit, avec son robuste bon sens, ses saillies et sa malice;une vie intense et inattendue circuls i travcrs cette épopée fantastique, qu’il semblait malaisé en eE`et dc prendre au sérieux. Est-ce at dire que l’Arioste s’abandonne au facile plaisir de railler ses propres inventions et de caricaturer ses personnages? Nullement; sur ce point encore, il continue et porto ia sa perfection la maniérc de Boiardo. Ce n`est pas seulement paroe qu’ils sont l’expression de vertus chevaleresques idéales qu’il a pour ses héros une visible tendresse; il les aime en artiste, qui oaresse avec amour des f`ormes harmonieuses et souples, ou joue la lumiére, ou se reflétent les ‘divers aspects de son réve de beauté. L`Arioste respecte trop l’art, il tient trop at la noblesse de son poéme, pour risquer de tomber dans le burlesque; il peut méler a son action des épisodes secondaires pure- ment comiques, sans jamais s’abaisser jusqu’a la bout`- fonnerie. La fin supréme du Roland furieux est, non pas de faire rire, mais do mettre un peu de clarté, de sourire, d`agrément et de beauté dans nos esprits, rien de plus; voila pourquoi cette oeuvre peut paraltre vaine, si par exemple on la compare at la Divine Comédie; mais voila peut-étre aussi pourquoi Part, qui n'y est subordonné h aucune considération étrangere, qui est, at lui seul, sa raison d’étrc at son but, y atteint un si haut degré de perfection.