Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/301

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·r0nQUA*ro usso 281 a chaque page, presque at chaque vers, des réminiscences et souvent des imitations directes de poetes grecs et latins. Sur cette trame légere, la sensibilité juvénile du l`asse, son imagination ardente, éprise d’idéal et d’har- monie, ont répandu une poésie pénétrante, dont lc charme un peu mievre n’a presque rien perdu de sa fraicheur. Sa conception idyllique de la nature et de la vie, nous la connaissons bien depuis le Politien; mais la sérénité du paysage des Stanccs, et l’air détaché, presque indilI`érent aux choses extérieures, avec lequel Simonetta semblait vivre dans un réve, font ici place a une soif de jouissances, a une sensualité, a une coquetterie, a une perpétuelle langueur ntancée de mélancolie, que le Tasse a puisées dans le caractere propre de son inspi·_ ration. L°atmosphere ou se meuvent voluptueusemcnt ses héros est d’une extréme douceur; le satyre lui-méme, qui devrait personnifier la luxure et la bestialité, em- prunte quelque chose aux belles manieres de la cour : il est plus comique que redoutable; ce n’est qu’un mau- vais sujet dont les plans sont déjoués. D’ailleurs il ne faut pas se laisser prendre at l’air d’innocence et a la chasteté apparente de ces peintures; la scene du baiser déposé par Sylvia sur les lévres d’Amyntas, sous pré- texte de le guérir d’une piqure d’abeille, est a cet égard caractéristique : la naiveté n'y est qu’un artifice adroit destiné a aiguiser l’impression de volupté sensuelle. Ce qui sauve l’Aminta de la froideur et de l’afI`éterie, malgré tout ce que le genre a de conventionnel, c’est la sincérité du poéte et la spontanéité de son inspiration idyllique et élégiaque : cette image d’une existence tranquille, uniquement consacrée aux soucis amoureux, au milieu d’une nature souriantc, tiéde et parfumée,