Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/302

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262 LITTERATURE ITALIENNE représentait pour lui quelque chose dc plus qu’une fiction : c'était la forme naturelle de ses réves, c’était sou idéal; et l°accord qui existait entre sa conception d’une vie parfaitement heureuse, et celle que pouvait en avoir le public ferrarais, donne ai ce drame la valeur d’un docu- ment psychologique. La méme spontanéité dans le maniérisme caractérise la forme de l`Aminta : la douceur, l`harmouie du style et du vers découlent sans effort des idées et des senti- ments; la 'veine riche et limpide du poéte lui fournit en abondance les expressions les plus caressantes et les images les plus gracieuses. Mais cette aisance cache un art consommé; ella n’exclut ni la réflexion ni l’artiHce. Un peu d’attention permet de découvrir le secret de l’harmonie, toute musicale, de certains morceaux : ici ce sont quelques allitérations discretes, la des répétitions de mots, des reprises ct comme des refraius, qui donnent in la période une sorte de balancement; les vers de sept syllabes viennent, au bon endroit, se méler aux hendé~ casyllabes, et quelques rimes dispersées au milieu du récitatif en vers blancs, y introduisent une espece de mélodie. Avec tout cela, le poéte conserve l’entierc liberté de ses mouvements; il ne suit d’autre régle que son gout d’artiste délicat, adroit a éviter toute exagéra- tion; l’artifice no va pas jusqu’au procédé. La poésie de l°Aminla donne l’impression d”un fruit savoureux arrivé au maximum de sa maturité. Mais cette maturité meme inquiete, car elle renferme les germes, encore invisibles, mais certains, d’une décomposition prochaine. Cette décomposition apparait clairement chez les imi- tateurs, que le succes de l’Aminta ne manqua pas de susciter. Un seul d'entre eux doit étre associé au Tasse dans cette esquisse de la breve et brillante fortune du drama