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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/308

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guage impuissant de leur intérét. Plus tard, il put sortir, assister aux offices du caréme et paraitre in quelques fétes de la cour; mais la surveillance était continuelle, car il était toujours sujet a des crises de fureur, et sa santé réclamait les plus grands ménagements. Sa folie d’ailleurs n`était qu’intermittente et partielle : ses visiteurs étaient frappés de la lucidité de son esprit, et ce qui a fait révoquer en doute la réalité de son mal, c’est que de cette période d’agitation, de voyages et de réclusion datent quelques-unes de ses plus belles œuvres, ses poésies les plus émouvantes, comme la canzone fameuse ou il suppliait les princesses de Ferrare d’intercéder en sa faveur, les lettres éloquentes qu’il adressa dans le même but à divers princes, et surtout ses dialogues philosophiques, au nombre de trente environ, qui comptent parmi les plus beaux de la littérature italienne. La pensée y manque d’originalité; le Tasse, en philosophie, est un pur éclectique, et on peut lui reprocher de ne pas assez mettre d’accord avec les conditions nouvelles de la société les emprunts qu’il fait aux anciens. Mais pour la beauté de la forme, pour l’art avec lequel, dans le cadre de ces dialogues, revivent les événements de sa vie tourmentée et le souvenir des amis dont l’entretien lui fut le plus cher, on peut les considérer comme les plus heureuses imitations qu’aient inspirées les dialogues de Platon et de Cicéron.

Cependant, en 1580, quatorze chants de la Jérusalem furent imprimés à Venise, sous le titre de il Goffredo. Un admirateur du Tasse s’empressa de répondre in cette publication incomplète et incorrecte par une édition (1581), pour laquelle il put utiliser une copie plus fidéle; la même année parut à Ferrare un texte du poeme conforme à l`autographe, par les soins d’un autre de ses