Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

294 LITTIZLRATURE ITALIENNE La forme de la Jérusalem plait, comme le fond, par les qualités habituelles du poete, la noblesse élégante, la plasticité de l’expression, le rythme musical; comme le "ond elle peche par un exces d`artiHce. Pour s’élever at la Iignité de l’épopée, l’auteur de l’Amz`nta a du forcer son style, au risque de tomber dans l’afl`ectation de la gran- deur et dans la déclamation; sous prétexte de majesté et ' d’éclat, il n’a pus toujours su éviter la sonorité creuse et, comme l’a dit Boileau, le a clinquant ». Il y a loin, d`ail- leurs, de la langue de l`Arioste, aisée, vive, variée, fami- liére quand il le faut, at celle du Tasse, ou l’apprét et la tension continuelle nuisent gravement at la propriété des termes et au naturel; on s’en fatigue vite. Les mémes observations peuvent s°appliquer au vers et in la strophe. Ces critiques ne sauraient empécher la Jérusalem d’étre devenue la plus vraiment populaire des grandes ueuvres de la littérature italienne : elle continue in charmer les lecteurs de tout ordre, par la chaleur du sentiment qui anime certains épisodes, par son coté romanesque et merveilleux, par de beaux récits de combats, et l’inspi- ration chrétienne en est h la mesure de tous ceux dont les conceptions religieuses se rapprochent de celles du Tasse. Tres vivement attaquée h plusieurs reprises, notamment par Galilée, la Jérusalem n’a jamais cessé de jouir dans toute l’Europe d’une grande réputation; elle reste, malgré ses défauts, l’une des ueuvres les plus uobles du génie de l’Italie. Mais il ne faut pas s’y tromper : le tempérament poétique du Tasse pouvait seul opérer ce miracle de donner une éme au genre arti- Hciel de l’épopée romanesque.