Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE xvm suicua 303 lecture accablante. Marino s’est proposé pour but prin- cipal d’étonner, de stupéfier le lecteur par la nouveauté imprévue de ses images, et il ne s’est pas avisé que la surprise est peut-étre de toutes les impressions celle qui s`émousse le plus vite. D’ailleurs l’exagération de son procédé aboutit a des efl`ets d’un ridicule dont il n’eut jamais la moindre conscience. Qu’un poete aussi brillamment doué, en qui le siecle reconnaissait sa parfaite image, ait eu de nombreux imi- tateurs, nul ne peut s’en étonner : Marino fit école. Ce n’est pas que d’autres rimeurs aient tenté de le suivre sur le terrain du long poéme mythologique : le genre l`ut comme étoullé en 11aissant sous la masse de l’Ad0ne; il ue s’en rcleva plus. Mais dans l’idylle et la poésie lyrique —— amoureuse, laudative et religieuse — le mari- nisme fit rage; d’une fagon générale, on vit refleurir avec exubérance, dans le style de tous les écrivains, les méta- p}1ores ambitieuses et outrées du fameux chevalier. A ce courant d’admirz1tion s’opposérent pourtant des résis— tances, et les seuls poétes qui méritent d’étre rappclés ici sont précisément ceux qui essayérent de réagir contre la vogue du marinisme. Gabriello Chiabrera, de Savone (1552-1638), :1 laissé une oeuvre considérable, comprenant quatre poémes héroiques, une douzaine de pastorales, mélodrames et tragédies, des canzoni (héroiques, ee lugubres », sacrées, morales), un dithyrambe, des églogues, des poémes sacrés et profanes et une multitude de poésies légeres, sans parler de ses écrits en prose, dialogues, discours, autubiugraphie. Ce fut le type aclievé du lettré de pro- fession, que les princes comblaient d’honneurs et de cadeaux, en échauge des poémes qu’il composait pour les fetes de leurs cours, ou simplement de ses éloges et