Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/354

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334 LITTERATURB ITALIENNE charmante, encore que démodée. Métastase avait trouvé sa voie: coup sur coup il composa six mélodrames, `a Naples, a Venise, at Home ou il avait suivi la Romanina; dans cette derniére ville meme, toute la famille du poéte habita sous le toit de la généreuse cantatrice et de son indulgent mari! Ces nouvelles ceuvres, d’une structure un peu touffue et compliquée, ne cessaient d’afl`ermir la réputation de Métastase; celui-ci avait pourtant des har- diesses qui choquerent les Romains: dans son Cazone in Ulica, ne s’était-il pas permis de faire mourjr le héros sur la scene? Les pasquinades l°avertirent que cette inconvenance ne devait plus se renouveler, et l’avis fut entendu. Car ce charmant poéte ne chercha jamais at diriger le gout de son siécle : il mit toute sa gloire a en étre l’expression fidéle. Si A. Zeno donna le conseil d’appeler a Vienne l’autcur applaudi de Didon, de Siroe, de Semiramide et d’ArLa- serse, quelqu’un contribua sans doute plus efficacement encore a l’y faire venir : la veuve du comte d’Althann, Marianna Pignatelli (on a remarqué que ce prénom porta bonheur a Métastase), avait regu de lui, en 1721, la dédicace de son Endymion; elle jouissait de la confiance de l'empereur Charles VI et ne demandait qu’a devenir la protectrice de Métastase. La premiére Marianne, la Romanina, bonne et préoccupée avant tout de la gloire dc son ami, Yengagea, malgré sa douleur, a accepter les fonctions de cc Poeta cesareo ». Il se laissa faire une douce violence, essuya une larme, et partit. On était au com- mencement de 1730 : deux ans plus tard la Romanina mourait, et instituait Métastase son légataire universel; cclui-ci eut la délicate pensée de déclinci cct liéritage en faveur du mari. Il avait d’ailleurs trouvé de quoi se con- soler auprés de la seconde Marianne.