Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/422

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passions. Jacopo Ortis, retiré dans les collines Euga- néennes, pres de Padoue, au moment ou Venise vient d’étre cédée a l’Autriche, en proie au découragement qui succede, dans son ame ardente, aux généreuses illu- sions de son patriotisme, c`est Ugo Foscolo apres Campo- formio. L’amour qui vient consoler un instant le jeune désespéré, pour le plonger dans un nouvel abime de douleurs — car Teresa est {iancée et ne peut étre a lui, -— ne correspond avec exactitude a aucune des passions qui se partagerent le coeur de Foscolo, mais il en emprunta les élénients at diverses expériences personnelles : de 1797 a 1799 on sait qu’il soupira pour une mystérieuse Vénitienne, Laura, pour la Pisane Isabella Ptoncioni et pour la belle Teresa Pikler, femme de Monti. Il est d’ail— leurs hors de doute que Jacopo Ortis doit quelque chose au Verther de Goethe : son désespoir, alimenté par deux sources distinctes de déceptions, celles de l’amour et celles du patriotisme, lui paraissait sans doute justilier, mieux encore que pour le héros allemand, sa résolution de mettre lin at ses jours par le suicide. La est cependant Ia principale erreur de Foscolo. Mieux doué pour l’e{l`u— sion lyrique que pour l’analyse_ objective des passions, l’auteur italien reste original en face de l’écrivain alle- mand; mais il demande trop souvent la force et l°ém0tion at des dissertations et a des épisodes que leur tour déclamatoire rend aujourd’hui pénibles a lire. Quant a la dualité du sentiment, elle ne contribue pas at donner plus de netteté at la figure de ce héros, at la (`ois amant et patriote.

Cette oeuvre éloquente et démodée contient des pages touchantes et de brillantes descriptions; l’art avec lequel Foscolo a manié la phrase italienne, malgré un certain abus de rhétorique, marque la naissance de la prose