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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/444

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tempérée par les espérances chrétiennes, qui accompagnent la mort d’Ermengarda. Manzoni poète n’a rien écrit de plus parfait.


III


Auteur des Hymnes, du Cinq Mai et des deux tragédies, Manzoni était, en 1822, le poete le plus en vue de la jeune génération : par la force des choses, c’est lui qui devint le chef du romantisme italien. Sa personnalité contribua à donner à la nouvelle école un caractere de modération et de bon sens qu’elle n’eut pas toujours en d’autres pays. La fameuse théorie du sublime et du grotesque lui est inconnue, et la non moins célebre formule de << l'art pour l'art » lui eut profondément répugné. Pour lui en effet, l’art devait poursuivre une utilité pratique, immédiate, et contribuer at la régénération morale et sociale de l’Italie. Dans une lettre au marquis Cesare cl’Azeglio, écrite précisément en 1823, il déclarait que la poésie devait se proposer << pour but, l’utile; pour sujet, le vrai; pour moyen, l’intérét », formule discutable que Manzoni finit par condaniner quelque cinquante ans plus turd. A la date ou elle fut écrite, elle exprimait excellemment sa pensée : l’ol`fice de la littérature était de laqonncr la conscience religieuse et morale du peuple italieu, et oe << vrai » qu’il fallait prendre pour sujet, c`est dans l’histoirc qu’on devait le chercher.

Peu satisfait peut-étre de ses essais tragiques, qu’il uc renouvcla plus, Manzoni se tourna vers lc roman : c’est sous cette forme qu°il tenta de réaliser une fusion plus ` intime et plus harmonieuse de la fantaisie et de l’histoire. ll se mit ii l’oeuvre des 1821, et la premiere édition