432 LlTTl§RATURB 1·rALmNNB << ce n'était plus la poésie qui venait le chercher, mais lui qui s’essoufllait ai courir apres elle·». Le sens critique, qu’il eut tres aigu, a fait obstacle, sans nul doute, a l`cpa- nouissement de ses facultés créatrices; des qu’il avait abordé un genre, rien ne pouvait lui en dissimuler les faiblesses, et il s’arrétait. C’est ainsi qu`il s’en tinta cinq hymnes et a deux tragedies, et son expérience, pourtant si brillante, du roman historique, lui fit comprendre clairement que toute conciliation entre l’histoire et la (iction était impossible. Ses vues sur ce sujet sont expo- sées dans son discours intitulé Del romanzo storico e in genere de' companimenli misti di storia e d’invenzi0ne (1845). Cette intelligence pénétrante et cctte bonne foi le rendent sympathique; mais il faut avouer aussi que ces tatonnements et ces repentirs l’excluent du nombre de ces génies puissants qui créent dans la joie et dans la • confiance. Manzoni se tourna donc de plus en plus vers les recherches purement historiques ou thcoriques. Déja plusieurs digressions de son roman accusaient sa prédi- ‘ lection pour ce genre de travail; quelques-unes y ont été maintenues, et font souvent longueur; d’autres en ont été retranchées, et deux d’entre ces dernieres sont deve- nues le noyau de publications a part. L'une se rattache au chapitre xxxu des Fiancés, ou l’auteur annongait l'in- tention de faire la lumiere sur l’histoire obscure et con- troversée de la condamnation infligée ai quelques inno- cents, accusés par le peuple d`avoir volontnirement répandu la peste, au moyen de prétendus onguents. Cela devint la Storia della Colonna infame, achevée aes 1829, mais publiée seulement avec la seconde édition des Fiancés : le public, qui attendait un second roman, fut grandement dégu de n’y trouver qu’une savante dis-
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