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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/462

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M2 LITTERATURE ITALIENNE tané d'illusions, d’ailleurs bieufaisantes, qui masquent aux hommes l`horrible réalité : at mesure que ces illu- sions s’évanouissent, apparait ee cette vérité universelle que tout est rien ». Leopardi a vivemeut protesté contre l’accusation d’avoir simplement réduit en systéme ses infortunes personnelles. Nul doute qu’il ne fut de bonne f`oi en repoussaut ce reproche; sa pensée avait assez de noblesse et d'ampleur pour s°élever au·dessus de sa destinée particuliére. Mais qui oserait nier que les cir- constances cruelles de sa jeunesse n’aient influé d’une facon décisive sur sa philosophie désespérée? Ses seules consolations luii vinrent alors de l’amitié et des encouragements d’un homme, auquel reste le grand honneur d’avoir le premier compris le ¢< merveilleux enfant » et d’avoir deviné sou génie, Pietro Giordani. Leopardi avait entendu dire un jour que Giordani était le meilleur écrivain du temps; il avait aussitot dévoré ses articles dans la Biblioteca italiana fondée en 1816, et lui avait écrit. Giordani recouuut les dons exceptionnels du jeune homme, s’intéressa 21 ses malheurs, et vint passer une quinzaine de jours E1 Recanati, en sep- tembre 1818. L’inHuence qu`exer<;a le célébre lettré sur Leopardi ne fut peut-étre pas aussi profoude, au point de vue philosophique et religieux, que le crut le comte Monaldo, inquiet et désespéré des hardiesses de son Els; elle fut certainement tres grande en ce qui coucerne ses idées politiques et surtout littéraires. A partir de 1816 en effet, Leopardi se détourna de l’érudition proprement Idite, commenqa I1 envisager de préférence les ouvrages de l’esprit sous le rapport de la beauté, et in considérer le métier d°écrivain comme uu art. Il apporta aussitot E1 l’étude des grands poétes la passion et l’intelligence pénétrante qu’il avait mises jusqu’alors au service de ses