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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/466

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440 Lirrénarunz ITALIENNR C°est par exemple l’Injinit0, quinze vers qui constituent l’une des méditations les plus troublantes qu°ait traduites une ingénieuse disposition de pensées et de mots; puis c’est le célébre Passera solitaria, remanié ultérieure— ment, image mélancolique de Leopardi lui-méme, chan- teur solitaire au milieu de la féte de la vie, at laquelle il demeure étranger. C’est encore la Vita solitaria, Alla luna, et deux poésies amoureuses, il Sogna et la Sera del di difesta. Dans chacune de ces idylles, un coin de nature familier au poéte, d’un réalisme saisissant, une impres- sion sincere, une expérience de Leopardi, magistrale- ment décrite, sert de point de départ at ses réflexions désolées : un coup d’0eil rapide aux aspects extérieurs des choses, a des tableaux de préférence limités, noyés dans la pénombre et dans la demi-teinte du clair de lune, y est aussitét suivi d’un autre regard, profond et comme apeuré, dans les abimes de la pensée. Et l°art y est con- sommé : cette liberté, cette simplicité apparentes sont le résultat d°un long et pénible eH`ort. Pour composer, raconte-t-il dans une dc ses lettres (5 mars 1824), Leopardi obéissait d’abord at une tx frénésie » qui, en deux minutes, lui dictait le plan de toute la piece; puis il attcndait que l’inspiration le ressaisit, parfois plu- sieurs mois aprés : tt Alors je me mets at écrire, `mais avec tant de lenteur qu`il m’est impossible de terminer une poésie, méme la plus courte, en moins de deux ou trois semaines... Si l’inspiration ne vient pas d’elle- meme, on tirerait de l’eau d'un tronc d’arbre plutét q u’un vers de mon cerveau. » Cet art, fait de sobriété étudiée et d’émotion intime, brille de tout son éclat dans les pléces avec lesquelles se termine cette premiere partie de la carriére de Leopardi : Brute minors! (1821), ou est proclamée l'inutilité de la