Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/470

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ration avec celle de Manzoni, mais pour des mérites assez différents.

La douceur du climat de Pise, ou il passa plus d’un an (1827-1828), apporta un soulagement momentané a sa santé, et le coeur de Leopardi se remit a palpiter comme aux jours de ses juvéniles illusions. Le poete reprit alors la plume, et composa la belle piece il Hisorgmeizto, ou il exprime sa surprise et sa joie de ce reveil inattendu de la vie en son aime, qu’il croyait a tout jamais desséchée : ce n’est pas qu’il rétracte ses inébranlables convictions touchant l’horreur de la réalite, l’insensibilité de la nature, l’inutilité de la gloire, la cruauté perverse des femmes; mais son ccnur est encore capable de souffrir, de savourer (4 le plaisir de la douleur », c’est—a-dire qu’il vit; il n`est donc plus tout a fait malheureux. Le rythme léger des vers de` tept syllabes exprime avec bonheur le nouveau flux de seve qui coule dans les veines du poete, bien que la forme fixe des strophes serve moins ’bien que les stances libres la pensée de Leopardi.

A cet égard, la piece contemporaine A Silvza, et le poeme en vers blancs, postérieur d’un an, le Hicordanze (1829), s`élevent E1 un degré de perfection tres supé- rieur age sont de touchantes évocations du passé, du temps Oil Leopardi avait aimé une Silvia, une Nerina — peut-etre une seule personne sous deux noms dii]`érents, --— oi1 il avait complaisamment suivi du regard leur fine silhouette; et la m`ort a brutalement anéanti tant de grace naive ct tant de promesses. C°était aussi le temps on la jeunesse du poete s’était flétrie, dix ses illusions s’étaient évanouies; et depuis, l’ ct amcr souvenir » est resté le fidele compagnon de sa pensée. Le seul plaisir que la nature uecorde aux hommes est d”échapper momentané- mont aux étreintes de la souflrancé, en sorte que la mort