Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/562

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Il est parfaitement certain que ce jeune homme pos- sédait de rares qualités de sentiment ct de forme, mais celles-ci étaient éclipsées, si l’on peut dire, par l’ét1·an- geté de sa tenue; il y avait en lui une veine de pure tradition classique, déformée par un dérangement céré- bral qui, trés vite, l’a conduit ia la maison des fous. — Avec Giuseppe Ungaretti (1888), nourri de poétes francais comme Apollinaire, Mallarmé, Paul Valéry, le fragmentisme atteint son point culminant, en ce sens que les notations de ce poéte s’inscriveut dans des picccs bréves en vers courts et inégaux, groupés capricieu— seinent sans aucune ponctuation. Mais ces notations descriptives sont vraiment suggestives; il ne faut pas un grand effort pour y découvrir de fines impressions poétiques (IZ parte sepolto, 1917, réimpr. 1923; Allegria di Naufrag/zi, 1919). Ces courtes pieces sont comme la synthèse de longues méditations, et la mode, assure-t-on, en vient de la poésie japonaise. Les derniers chants d’Ungaretti ont paru dans la revue française, Commerce, en 1927. Il est a remarquer que ce poete a consacré un recueil a la Guerre (1919); le fait est assez rare, on peut signaler pourtant l’hymne a Trente et Trieste (1915) du florentin F. Agnoletti (1875), et les Canti del Soldaxo, Con me e can gli Alpini (1918-19) de Piero Jahier, piémontais des vallées vaudoises, qui ful: une des figures marquantes du groupe de la Voce.

Un « intimiste » resté à l’écart des audaces auxquelles tant d’autres se sont livrés, est Diego Valeri (1887); doué d’une personnalité délicate, il a chanté, sous une forme très régulière, les émotions de son cœur ; il est, a-t-on dit, « le chantre aimable des sentiments domestiques ». Ses recueils de vers, intitulés Le gaie tristezze (1913), Umana (1915), très remarqués, ont été suivis de Crisalide