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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/64

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LL Ltvrrénnuius ITALIBNNE sur qu’il n’écrit pas cxactement comme il parle : il fait effort pour employer des expressions plus choisies et qui lui paraissent plus relevées, d’Of1 résulte souvent un niélange comique de platitudes vulgaires et d’élégances pseudo-littéraires. Cs n’est qu’aux époques de civilisation avancéc que l'on voit des lettrés se complaire a repro- duire avec une exactitude scrupuleuse le parlcr savoureux des paysans, la naiveté ou la malice du menu peuple des villes Tel n’est assurément pas le genre ou se sont exercés un Cielo, un Jacopone, un Pateg; et l’on peut affirmer a priori que le fond dialectal de leur langue est incon- scient, tandis que leur art, si mediocre f1?1t·il, tendait a hausser leur style au-dessus des particularités de leur patois. Car il leur importait beuucoup d’étre compris, non seulement des gens de leur ville ou de leur village, mais d’un public aussi large que possible; cela leur était d’autant plus facile qu’a cette époque les dilférences entre dialectes limitrophes n’étaient pas aussi profon- dément accusées qu’elles le sont devenues. Il suffisait donc au poéte de choisir, parmi les locutions et les formes qu’il avait a sa disposition, celles qui étaient communes a plusieurs patois voisins, celles que l’on entendait aisément dans le plus large rayon possible. En outre, un Jacopone, un Bonvesin, hommes possédant une instruction tres supérieure a la plupart de leurs contem- porains, étaient fort oapables de donncr un peu plus de noblesse at leur langue, en y introduisant quelques lati- nismes; d’autres, spéciulement dans l’Italie du Nord, tournaient de préférence les yeux vers les deux idiomes littéraires alors en vogue et si proches parents de leurs patois, le provencal et le francais. Ainsi s’étaient forrnées peu ai peu, d'instinct plutét