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discours i, chap. i.

fait d’esprit, ne fût restée fort infé-

    de la perfectibilité de l’esprit humain.

    C’est en combinant toutes ces différences dans le physique de l’homme et de la bête qu’on peut expliquer pourquoi la sensibilité et la mémoire, facultés communes aux hommes et aux animaux, ne sont, pour ainsi dire, dans ces derniers que des facultés stériles.

    Peut-être m’objectera-t-on que Dieu, sans injustice, ne peut avoir soumis à la douleur et à la mort des créatures innocentes, et qu’ainsi les bêtes ne sont que de pures machines ; je répondrai à cette objection que l’écriture et l’église n’ayant dit nulle part que les animaux fussent de pures machines, nous pouvons fort bien ignorer les motifs de la conduite de Dieu envers les animaux, et supposer ces motifs justes. Il n’est pas nécessaire d’avoir recours au bon mot du P. Malebranche, qui, lorsqu’on lui soutenoit que les animaux étoient sensibles à la douleur, répondoit en plaisantant qu’apparemment ils avoient mangé du foin défendu.