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SECTION I, CHAP. XV.

son culte, pour ses dieux actuels, et son horreur pour un culte nouveau. Quel moyen de changer à cet égard les opinions reçues ?

Ce moyen est peut-être plus facile qu’on ne pense. Que chez un peuple la raison soit tolérée, elle substituera la religion de la Renommée à toute autre. N’y substituât-elle que le déisme, quel bien n’auroit-elle pas fait à l’humanité ! Mais le culte rendu à la divinité se conserveroit-il long-temps pur ? le peuple est grossier ; la superstition est sa religion. Les temples élevés d’abord à l’Éternel seroient bientôt consacrés à ses diverses perfections : l’ignorance en feroit autant de dieux. Soit, et jusques-là que le magistrat la laisse faire ; mais qu’arrivée à ce terme, ce même magistrat, attentif à diriger la marche de l’ignorance, et sur-tout de la superstition,