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SECTION II, CHAP. X.

faire un des plus puissants principes de notre activité[1].

Nulle passion n’opere de plus grand changement dans l’homme. Son empire s’étend jusques sur les brutes. L’animal timide et tremblant à l’approche de l’animal même le plus

  1. Parmi les savants, il en est, dit-on, qui, loin du monde, se condament à vivre dans la retraite. Or, comment se persuader que dans ceux-ci l’amour des talents ait été fondé sur l’amour des plaisirs physiques, et sur-tout des femmes ? Comment concilier ces inconciliables ? Pour cet effet, supposons qu’il en soit d’un homme à talents comme d’un avare : si ce dernier se prive aujourd’hui du nécessaire, c’est dans l’espoir de jouir demain du superflu. L’avare desire-t-il un beau château, et l’homme à talents une belle femme ? si pour acheter l’un et l’autre il faut de grandes richesses et une grande réputation, ces deux hommes