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DE L’HOMME,

qui l’amuse ou l’ennui, de ce qui est bon ou mauvais au goût ; qu’enfin il sait avant douze ans une grande partie de la langue usuelle, et connoît déja les mots propres à exprimer ses idées : d’où je conclus que l’intention de la nature n’est pas, comme le dit l’auteur d’Émile, que le corps se fortifie avant que l’esprit s’exerce, mais que l’esprit s’exerce à mesure que le corps se fortifie. M. Rousseau ne paroît pas là-dessus bien assuré de la vérité de ses raisonnements : aussi avoue-t-il, p. 259, t. I de l’Émile, « qu’il est souvent en contradiction avec lui-même ; mais, ajoute-t-il, cette contradiction n’est que dans les mots ». J’ai déja fait voir qu’elle est dans les choses ; et l’auteur m’en fournit une nouvelle preuve dans le même endroit de son ouvrage : « Si je regarde, dit-il, les enfants comme incapables de rai-