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DE L’HOMME,

Quelles sont d’ailleurs les expériences sur lesquelles se fonde M. Rousseau pour assurer, p. 203, t. I de l’Émile, « que, si l’on pouvoit amener un éleve sain et robuste à l’âge de dix ou douze ans sans qu’il pût distinguer sa main droite de la gauche et sans savoir ce que c’est qu’un livre, les yeux de son entendement s’ouvriroient tout-à-coup aux leçons de la raison ? »

Je ne conçois pas, je l’avoue, pourquoi l’enfant en verroit mieux s’il n’ouvroit qu’à dix ou douze ans les yeux de son entendement. Tout ce que je sais, c’est que l’attention d’un enfant livré jusqu’à douze ans à la dissipation est très difficile à fixer ; c’est que le savant lui-même, distrait trop long-temps de ses études, ne s’y remet pas sans peine. Il en est de l’esprit comme du corps ; l’on ne rend l’un attentif