32 PROLÉGOMÈNES
exhortations lui faisaient verser, des prières qu'il adressait au ciel, dans la ville de la Mecque, en faisant le tour de la Caaba; de sa dé- votion, de son exactitude à faire la prière aux heures canoniques et à guetter les premiers rayons de l'aurore \ afin d'être prêt lorsque le moment de la prière serait arrivé? Taberi et d'autres historiens rapportent que, chaque jour, dans ses prières, il accomplissait cent reka"^ comme œuvres de surérogation , et que, tous les ans, il faisait alternativement ou une expédition contre les infidèles, ou le pèleri- nage de la Mecque. Une fois il reprit sévèrement Ibn Abi Meryem, le bouffon de sa société, parce qu'il s'était permis de lui faire une plai- santerie pendant la prière : il récitait ces paroles : Pourquoi n'ado- rerais-je pas celui qui m'a créé^? quand Ibn Abi Meryem répondit : « Pourquoi? ma foi! je n'en sais rien. » Le khalife ne put s'empêcher de rire; mais il se retourna, fort en colère, vers le bouffon, et lui dit: « Quoi ! même dans la prière ! Prends garde , Ibn Abi Meryem , de plaisanter avec le Coran et la religion; hors ces deux choses, je t'a- bandonne le reste. » D'ailleurs ce prince avait un grand fonds d'ins- truction et de simplicité de mœurs, parce qu'il était peu éloigné du temps où ses aïeux avaient brillé par ces deux qualités. L'intervalle qui le séparait de son grand-père, Abou Djâfer (El-Mansour), n'était P. 24. pas très-grand , Er-Rechid étant déjà dans l'adolescence lors du dé- cès de ce khalife. Or Abou Djâfer , avant de parvenir au khalifat et depuis son avènement, se distinguait par son savoir et sa piété. C'était lui qui disait à Malek*, en l'invitant à composer le Mowatta^ : « Abou Abd-Allah! il ne reste plus sur la surface de la terre des hommes plus savants que moi et toi ; mais, quant à moi , tout mon temps est
' Pour L^aSj JjIj, lisez ^-i-^Sj J^^- en l'an 177 (793-794 àe î. C), ou 179.
' Le reka est une certaine série d'invo- ' Mowatta (le Sentier aplani) est le titre
calions et de proslernements. La prière du recueil de traditions composé par Ma-
se compose d'un nombre déterminé de lek Ibn Anes. C'est le premier ouvrage de
rekas. ce genre qui ait été mis par écrit; jusque-
' Coran, sour. xxxvi, vers. 21. là on s'était contenté de transmettre ora-
' Maleklbn Anes, qui fut le fondateur lement les traditions relatives à Mobam-
d'un des quatre rites orthodoxes , mourut med.
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