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D’IBN KHALDOUN.


Traité de géographie, et, après lui (Idrîci), l’auteur du livre de Roger, ont partagé cet espace en sept portions, qu’ils nomment les sept climats. A chaque climat ils assignent des limites imaginaires qui s’étendent de l’est à l’ouest. Tous les climats ont la même largeur, mais ils diffèrent sous le rapport de la longueur : le premier est plus long que le second; celui-ci est plus long que le troisième, et ainsi de suite. Le septième est le plus court de tous, en conséquence de la forme circulaire de cette portion du globe que les eaux ont laissée à découvert. Les géographes divisent chaque climat en dix parties, qui se suivent d’occident en orient, et qui forment chacune le sujet d’un chapitre dans lequel se trouvent exposés ce qui les distingue et le caractère des peuples qui les habitent. Les mêmes auteurs font mention d’une branche de l’océan Environnant, laquelle se trouve dans le quatrième climat et part du côté de l’occident; on la connaît sous le nom de la mer Romaine (la Méditerranée). Elle commence par un détroit qui, P. 76. entre Tanger et Tarifa, n’a qu’une largeur d’environ douze milles, et qui s’appelle Ez-Zocac (Le Passage étroit). De là elle s’étend vers l’orient et acquiert graduellement une largeur de six cents milles. Elle se termine à l’extrémité orientale de la quatrième partie du quatrième climat, à onze mille cent soixante parasanges du lieu où elle commence[1]. Là, sur ses bords, est le littoral de la Syrie; au midi, elle baigne les côtes du Maghreb, à partir de Tanger; ensuite elle longe successivement l’Ifrîkiya et le territoire de Barca (la Cyrénaïque), jusqu’à Alexandrie. Au nord, elle a pour limites les côtes de l’Empire byzantin, puis celles de Venise, puis le pays de Rome, ensuite les côtes de la France et celles de l’Espagne jusqu’à Tarifa, lieu situé sur le détroit, vis-à-vis de Tanger. Cette mer porte le nom de mer Romaine et de mer Syrienne; elle renferme un grand nombre d’îles, dont les plus grandes, telles que la Crète, Chypre, la Sicile, Majorque, la Sar-
  1. Les anciens géographes donnèrent une longeur excessive à la Méditerranée, et les Arabes adoptèrent leurs mesures. G. Delisle fut le premier à découvrir l’erreur ; il réduisit de trois cents lieues le chiffre généralement admis.