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PROLÉGOMÈNES


daigne et Dénia[1], sont habitées. Suivant les mêmes géographes, deux autres mers sortent de celle-ci, en traversant chacune un détroit, et se dirigent vers le nord. Le premier détroit est auprès de Constantinople ; à l’endroit où il communique avec la mer (Méditerranée), on pourrait lancer une flèche d’un bord à l’autre. Après s’être avancé l’espace de trois journées de navigation (dans la mer de Marmara), ce détroit arrive à Constantinople ; ensuite il prend une largeur de quatre milles, se prolonge l’espace de soixante (sic) milles et reçoit le nom de canal de Constantinople. Sortant par une ouverture qui a six milles de largeur, cette mer forme la mer de Nîtoch[2], qui, à partir de cet endroit, s’étend vers l’orient, baigne la province d’Héraclée et s’arrête au pays des Khazars[3], à treize cents milles de son origine. Des deux côtés, sur les bords de cette mer, habitent des peuples grecs, des Turcs, des Bordjan (Bulgares) et des Russes.

La seconde mer p. 77. qui sort de la mer Romaine à travers un détroit s’appelle la mer de Venise. Elle commence à la hauteur du pays de la Grèce, en se dirigeant vers le nord. Arrivée à Sant-Andjel (monte San Angelo), elle se détourne vers l’occident pour atteindre le territoire de Venise et se termine, près d’Ankaliya (le pays d’Aquilée), à onze cents milles[4] de son point de départ. Sur ses deux rives habitent des Vénitiens, des Grecs et d’autres peuples. Cette mer porte le nom de canal de Venise.

Selon les mêmes auteurs, une vaste mer (l’océan Indien) se détache de l’océan Environnant, du côté de l’orient, à treize degrés au nord de l’équateur, et s’incline un peu vers le sud, jusqu’à ce qu’elle atteigne le premier climat. Elle y pénètre en se dirigeant vers l’occident, jusqu’à la cinquième partie de ce climat ; elle baigne
  1. Dénia n’est pas une île, mais, en l’an 405 (1014-1015 de J. C.), après la chute de la dynastie omeïade, cette ville de l’Andalousie formait, avec les Baléares, une souveraineté indépendante, que l’on appelait le royaume de Dénia.
  2. نيطش, Nitoch, est une altération du mot بنطش, Bontoch, c’est-à dire Pontus.
  3. Voy. la traduction de la Géographie d’Abou’lféda, par M. Reinaud, p. 288.
  4. Si l’auteur avait écrit quatre cent vingt milles, il aurait été plus près de la vérité.