d’(El-Ouathec) El-Makhiouê[1]. Après la bataille de Mermadjenna, si funeste pour les Hafsides, notre grand-père Mohammed, qui y avait assisté, parvint à s’échapper avec Abou Hafs, fils de l’émir Abou Zékérïa ; accompagnés d’El-Fazazi et d’Abou’l-Hoceïn Ibn Seïd en-Nas, ils se réfugièrent dans Calât-Sinan[2]. El-Fazazi était client d’Abou Hafs, et celui-ci le traitait avec une prédilection marquée. Ibn Seïd en-Nas, qui avait tenu un rang plus élevé qu’El-Fazazi dans Séville, leur ville natale, en éprouva un si vif mécontentement, qu’il alla joindre le prince Abou Zékérïa (fils d’Abou Ishac) à Tlemcen, où il lui arriva ce que nous avons raconté (dans l’histoire des Berbers[3]). Quant à Mohammed Ibn Khaldoun, il resta auprès de l’émir Abou Hafs, qui, s’étant rendu maître de l’empire, concéda des ictâ à ce fidèle serviteur, l’inscrivit sur la liste des chefs militaires et, l’ayant reconnu plus habile que la plupart des officiers de sa cour, le choisit pour succéder à El-Fazazi dans la charge de premier ministre. Abou Hafs eut pour successeur Abou Acida el-Mostancer, le petit-fils de son frère. Ce prince prit pour ministre Mohammed Ibn Ibrahim ed-Debbagh, l’ancien secrétaire d’El-Fazazi, et Mohammed Ibn Khaldoun, à qui il donna la place de vice-hadjeb, conserva cet emploi jusqu’à la mort du souverain. L’émir (Abou’1-Baca) Khaled, étant monté sur le trône, laissa à Ibn Khaldoun les honneurs dont il jouissait, mais ne l’employa pas. Abou Yahya Ibn el-Lihyani, qui lui succéda, prit Ibn Khaldoun en faveur, et eut à se louer de son habileté dans un moment où les Arabes nomades allaient s’emparer de l’empire. Il l’envoya défendre la presqu’île[4] contre les Delladj, tribu soleïmide qui s’était établie dans cette région, et là encore Ibn Khaldoun se distingua. Après la chute d’Ibn el-Lihyani, il se rendit en Orient et s’acquitta du pèlerinage, l’an
- ↑ Hist. des Berbers, t. II, p. 333.
- ↑ Calàt-Sinan, château de la province de Tunis, est situé à neuf lieues nord-est de Tebessa. Quatre lieues plus loin et dans la direction de l’orient, se trouve le village de Mermajenna, le Berreniadjena de nos dernières cartes.
- ↑ Hist. des Berbers, t. II, p. 399.
- ↑ Il s’agit de la grande péninsule qui s’étend au sud et à l’est du golfe de Tunis ; elle s’appelait alors Cherîk, maintenant on la nomme Dakhol.