Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/34

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XXVI PROLÉGOMÈNES

fondées sur la raison , et ses efforts eurent beaucoup de succès. Un grand nombre de personnes l'eurent pour professeur, de sorte qu'il devint le lien qui unissait les anciens savants avec ceux de son époque. Quand il vint à Tunis avec le sultan Abou '1-Hacen, je me mis à le fré- quenter assidûment, afin d'étudier sous sa direction la logique, les principes fondamentaux de la théologie dogmatique, ceux de la ju- risprudence, toutes les sciences philosophiques et les mathématiques. Je fis tant de progrès sous lui qu'il m'en témoigna souvent sa haute satisfaction.

5° Un autre savant que le sultan Abou '1-Hacen amena à Tunis fut notre ami Abou'l-Cacem Abd-Allah IbnYouçof Ibn Ridouan, docteur en jurisprudence malekite. Il était un des secrétaires du souverain et se trouvait alors sous les ordres d'Abou Mohammed Abd el-Moheïmen. Celui-ci remplissait les fonctions de secrétaire d'Etat et d'écrivain de Yalama, c'est-à-dire, de la formule inscrite au bas de toutes les ordon- nances, manifestes et autres documents qui émanaient du sultan. Ibn Redouan fut un des ornements du Maghreb par la variété de ses connaissances, la beauté de son écriture, la régularité de sa conduite, fhabileté qu'il montrait en dressant des contrais, l'élégance de son style dans les lettres écrites au nom du sultan , la facilité avec laquelle il composait des vers et son talent pour la prédication. En ef- fet, il remplissait très-souvent l'ofiBce d'imam quand le sultan assistait à la prière. Je fis connaissance avec lui lors de son arrivée à Tunis, et j'eus beaucoup à me louer de notre intimité. Je ne le pris cepen- dant pas pour maître, puisque nous étions à peu près du même âge; mais, malgré cela, je profitai autant de ses lumières que de celles de mes précepteurs ordinaires.

A l'époque où notre auteur allait entrer dans la vie publique, les Hafsides , dynastie berbère almohade, régnaient sur les pays dont se composent aujourd'hui les régences de Tunis et de Tri- poli. La province de Constanline et celle de Bougie formaient des vice-royautés gouvernées par des princes de cette famille.

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