Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/49

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D'IBN KHALDOUN. xli

l'Etat. Il fut ainsi la cause de la chute du souverain; le vizir Omar Ibn Abd-Allah, s'élant emparé de la capitale, rallia tous les Mérinides autour de lui et prononça la déchéance d'Abou Salem. Cette révo- lution coûta la vie au sultan, ainsi que nous l'avons raconté dans notre Histoire de la dynastie mérinide '.

Le vizir Omar, s'étant mis à la tète des affaires, me confirma dans mes fonctions et m'accorda une augmentation d'ictâ et de traitement. Mais l'imprudence de la jeunesse me porta à viser plus haut, et à compter sur l'amitié d'Omar pour en user très-familièrement avec lui. Notre intimité s'était formée pendant le règne d'Abou Eïnan, à l'époque où je m'étais lié avec l'ex-émir de Bougie, le prince Abou Abd-Allah Mo- hammed. Omar était alors en tiers avec nous, et sa conversation faisait le charme de nos réunions. Abou Eïnan en conçut une telle méfiance, comme je l'ai déjà dit, qu'il me fit arrêter, ainsi que le prince Mohammed , tout en fermant les yeux sur la conduite d'Omar, dont le père était alors gouverneur de Bougie. Maintenant qu'Omar était tout-puissant, je présumai trop de mon influence sur lui; puis, trou- vant qu'il montrait peu d'empressement à m'accorder la place que j'ambitionnais, je cessai de le voir et, dans mon mécontentement, je ne me présentai plus au palais du sultan. Dès lors il changea entiè- rement de sentiments à mon égard et me témoigna tant de froi- deur que je demandai l'autorisation de m'en retourner dans ma ville natale. Cette faveur me fut refusée; la dynastie des Abd el-Ouadites venait de se rétablir dans Tlemcen et d'étendre son autorité sur tout le Maghreb central ^ ; je pouvais faire plaisir à leur sultan Abou Hammou en me rendant auprès de lui, et pour cette raison le vizir repoussa mes sollicitations. Je persistai néanmoins dans mon inten- tion et, au premier du mois de chouwal 768 (2 4 juillet i362 de J. C), j'obtins, par fentremise du vizir Mesaoud Ibn Maçaï, gendre et lieu- tenant d'Omar, la permission de réciter à celui-ci un poëme dans

' Omar plaça sur le trône un fils d'Abou i'esprit était dérangé. {Histoire des Berbers,

'1-Hacen, nommé TacAe^m. Il comptait gou- t. IV, p. 35o.) verner l'empire au nom de ce prince , dont * L'Algérie occidentale.

Prolégomènes. p

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