Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/50

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XLii PROLEGOMENES

lequel je lui exprimai mon désir de quitter le pays '. Cette démarche me réussit ; j'obtins l'autorisation d'aller où je voudrais, excepté à Tiemcen. Je me décidai pour l'Espagne, et, au commencement de l'an 76/i (fin d'octobre i362), j'envoyai ma femme et mes enfants à Constantine, pour y rester auprès de leurs oncles maternels, les fils du caïd Mohammed Ibn el-IIakîm ^. Ensuite je me mis en route pour Ceuta. (Voici le motif qui me fit préférer l'Espagne.) Abou Abd-Allah (Mohammed V, roi de Grenade), ayant été détrôné (par un de ses parents, le Raïs Mohammed), se rendit à Fez, auprès du sultan Abou Salem ^. La position que j'occupais alors dans l'administration me permit de lui rendre plusieurs services, en secondant les démarches de son vizir Ibn el-Khatîb. Le roi (de Castille, Pierre le Cruel), s'étant ensuite brouillé avec le Raïs, fit inviter (Mohammed V) à ren- trer en Espagne pour reconquérir le trône. Mohammed partit pour ce pays, laissant à Fez ses enfants et les gens de sa suite. Il ne put cependant réussir dans cette tentative ; mécontent du roi (de Castille) , qui refusa de lui rendre certaines forteresses qu'il venait d'enlever aux musulmans, il quitta la cour (chrétienne), passa dans le terri- toire musulman et s'établit à Ecija. Alors il envoya une lettre à Omar Ibn Abd-Allah, le priant de lui céder une des villes que les Méri- nides possédaient dans l'Andalousie et qui leur servaient de points d'appui toutes les fois qu'ils entreprenaient la guerre sainte. Il m'écri- vit aussi à ce sujet, et, grâce à mon entremise, il obtint possession de la ville et des dépendances de Ronda. Cette forteresse lui servit de marchepied pour remonter sur le trône de l'Andalousie centrale. Il rentra dans sa capitale (Grenade) vers le milieu de l'an 768 (avril 1862 de J. C). Ce fut à la suite de ces événements que la mésin- telligence se mit entre Omar et moi. Aussi je me décidai à visiter le

' L'auteur reproduit ici le poëmc dont (Voyeï Histoire des Berbers, t. II, p. 479 et

il parle. Je ne le traduis pas, pour la raison suiv. t. III, p. i3 etsuiv.)

que j'ai déjà donnée, page vi de celte in- ' On trouvera, dans V Histoire des Ber-

troduction. bers, t. IV, p 332 et suiv. de la Iraduc-

  • Général en chef de l'armée hafside. tion, le récit de cet événement.

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