Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/51

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D'IBN KHALDOUN. xun

souverain espagnol dans l'espoir qu'il n'oublierait pas les services que je lui avais rendus.

De mon voyage en Espagne.

Arrivé à Ceuta vers le commencement de l'an 76/1 (octobre, i362 de J. G.), je reçus l'accueil le plus empressé du chérîf Ahou '1-Abbas Ahmed el-Hoceïni, principal personnage de la ville, et allié par ma- riage à la famille des Azéfi. Il me logea dans sa maison, vis-à-vis de la grande mosquée, et me traita mieux qu'un souverain n'aurait pu faire. Le soir de mon départ il me donna un nouveau témoignage de son respect, en aidant, de ses propres mains, à lancer à l'eau la barque qui devait me transporter à l'autre bord K

Débarqué à Djebel el-Feth (Gibraltar), qui appartenait alors au souverain des Mérinides, j'écrivis à Ibn el-Ahmer^, sultan de Gre- nade , et à son vizir Ibn el-Khatîb , pour les informer de ce qui m'était arrivé, et je partis ensuite pour Grenade. Arrivé à la distance d'une poste de cette capitale, je m'y arrêtai pour passer la nuit, et là je reçus la réponse d'Ibn elKhatîb, dans laquelle il se félicitait du plaisir de me voir, et m'exprimait sa satisfaction de la manière la plus cordiale^. Le lendemain, huitième jour du premier rebiâ 764 (27 décembre 1 862 de J. G.), je m'approchai de la ville, et le sultan, qui s'était empressé de faire tapisser et meubler un de ses pavillons pour ma réception, envoya au-devant de moi une cavalcade d'hon- neur, composée des principaux officiers de la cour. Quand j'arrivai en sa présence, il m'accueillit d'une manière qui montrait combien il reconnaissait mes services, et me revêtit d'une robe d'honneur. Je me retirai ensuite avec le vizir Ibn el-Khatîb, qui me conduisit au logement que l'on m'avait assigné. Dès ce moment le sultan me

' Je supprime ici quelques renseigne- de Ibn el-Ahmer « fils du rouge. » — ' Ibu

ments que l'auteur nous donne au sujet Khaldoun rapporte ici la lettre du vizir gre-

de ce chérîl'. nadin. Elle est écrite dans le style pom-

^ Mohammed V. Tous les souverains de peux et métaphorique qui distingue toute

la dynastie Naceride portaient le surnom la correspondance de ce ministre.

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