Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/522

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i9S PROLÉGOMÈNES

Parrpi les tribus descendues de Moder, aucune, excepté celle de Coreïch, n'aurait été capaible de mettre fin à ces dissensions, quand même elle aurait employé la force des armes, et la grande commu- nauté musulmane, déchirée par des factions, aurait risqué de se dis- soudre. Le législateur, craignant une pareille catastrophe, voulut maintenir le bon accord entre les tribus, et empêcher les que- relles çt les luttes. En faisant régner l'union et le sentiment de la nationalité dans toutes ces peuplades, il rendit beaucoup plus facile la défense de l'empire. En confiant le commandement à la tribu de Coreïch, il écarta le danger qu'il appréhendait; car cette tribu était alors assez forte pour mener les autres Arabes à la baguette et les diriger à son gré. Tant qu'elle serait chargée de maintenir le bon ordre et d'empêcher les révoltes, on n'aurait à craindre, ni la déso- béissance des tribus, ni leurs dissensions. Voilà pourquoi le légis- lateur déclara que, pour remplir les fonctions d'imam, il fallait être né Coreïchide. (11 savait que) cette tribu, étant animée d'un vif sen- timent de patriotisme, parviendrait, mieux que toute autre, à main- tenir la concorde dans les tribus et à les organiser en nation. Si la bonne entente régnait parmi les Coreïch , elle s'établirait entre toutes les tribus descendues de Moder ; alors le reste du peuple arabe s'empresserait d'obéir, les peuples étrangers se soumettraient à la nation musulmane, et les armées arabes iraient subjuguer les pays les plus éloignés. Cela eut effectivement lieu à l'époque où les mu- sulmans s'engagèrent dans la carrière des conquêtes, et le même état de choses se prolongea, sous la dynastie des Oméiades et sous celle des Abbacides, jusqu'à la chute du khalifat et la ruine du parti arabe. Quiconque a étudié l'histoire de ce peuple sait à quel point les Co- reïch surpassaient les autres tribus modérides en nombre et en puis- sance; il s'en apercevrait même s'il se bornait uniquement à examiner l'histoire des Coreïch. Plusieurs écrivains ont traité ce sujet et Ibn Ishac s'en est occupé dans son Kitab es-Sier^.

Quand on s'est asi^ré que la condition d'être Coreïchide a eu pour

' Voyez ci-devanl, p. 5, note i.

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