Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/600

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en Egypte. On l'appliqua ensuite au prélat qui occupait le plus élevé des sièges épiscopaux, celui de Rome, que Pierre l'apôtre avait déjà rempli. Le patriarche de Rome porte ce titre encore aujourd'hui.

Les chrétiens, ayant eu de nouveau des discussions relativement aux dogmes et à ce qu'il fallait croire au sujet du Messie, se partagèrent en plusieurs sectes, dont chacune invoqua l'appui de celui d'entre les rois de la chrétienté qui était son souverain. Celte diversité d'opinions régna pendant plusieurs siècles, une secte donnant naissance à une autre ; mais on finit par n'y voir que trois sectes principales : les Mélé- kit.es (les orthodoxes), les Jacobites et les Nestoriens. Nous ne jugeons pas convenable de salir nos pages en rapportant leurs opinions impies, P. 4 2 2. qui, du reste, sont assez généralement connues. Toutes ces doctrines sont fausses, ainsi que le Coran l'a déclaré. Nous n'avons pas à dis- cuter ou à raisonner là-dessus avec eux; nous n'avons qu'à leur donner le choix de l'islamisme, de la capitation ou de la mort.

Chaque secte eut ensuite son patriarche; celui de Rome porte le titre de Babba et professe la doctrine mélékite. Rome appartient aux Francs et est placée sous l'autorité de leur roi. Le patriarche des chrétiens tributaires qui habitent l'Egypte appartient à la secte des Jacobites et demeure au milieu de ses ouailles. Comme les Abyssins professent la même doctrine, il s'y fait représenter par des évêques qu'il leur envoie pour les diriger dans l'exercice de la religion. De nos jours , le titre de Babba ne se donne qu'au patriarche de Rome , car les Jacobites ne s'en servent plus. Les 6 de ce mot doivent être articulés avec une sorte d'emphase'; le second 6 est redoublé. Le Babba se fait une règle de pousser tous les Francs à reconnaître l'au- torité d'un seul roi^, à se ralher autour de lui et à le faire juge de tous leurs différends. Il espère que, par cet arrangement, il empê- chera la désunion de se mettre dans la communauté, et qu'il par- viendra à calmer l'esprit de parti qui, chez eux, est la passion pré- dominante , et à tenir tous ces peuples sous son contrôle. On nomme

' C'est-à-dire, ils doivent se prononcer comme des p, lettre dont le son n'existe pas dans la langue arabe. — ' Pour <Ail\ lisez (ÀiX.

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