Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/79

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D'IBN KHALDOUN. lxxi

Pendant ce temps les courtisans, stimulés par Ibn Arefa, employè- rent tous les moyens possibles pour me nuire auprès du sultan, et ils se concertèrent enfm pour le décider à m'emmener avec lui quand il se mettrait en campagne. (Voulant à toute force m'éloigner de la ville,) ils firent entendre à Fareh, gouverneur de Tunis, qu'il aurait tout à craindre de moi si j'y restais plus longtemps. Ils convinrent qu'Ibn Arcfa représenterait au sultan que mon séjour dans la capitale serait dangereux pour l'Etat. Cet homme en parla au prince pendant que je n'y étais pas, et lui fit une déclaration formelle à cet effet. Le sultan commença par lui donner tort; mais ensuite il me fit prévenir qu'il allait entreprendre une expédition et que j'avais à l'accompa- gner. Bien que cet ordre me contrariât beaucoup, je m'empressai d'obéir, ne pouvar^t faire autrement. Je partis avec lui pour Tebessa, d'où il devait se diriger sur Touzer, afin d'en expulser Ibn Yemloul , qui , en l'an 788, avait enlevé Touzer au fils du sultan.

Au moment de quitter Tebessa, le sultan me donna l'ordre de repartir pour Tunis. Arrivé dans la capitale, j'allai à ma terre d'Ei-- Rîahîn [les myrtes^) pour faire mes récoltes. Il revint de son expé- dition après avoir vaincu toute résistance, et je rentrai à Tunis avec lui. Au mois de chaban 784 (octobre 1882), il fit des préparatifs pour envahir le Zab, pays où l'émir Ibn Mozni accordait toujours asile et protection à Ibn Yemloul ^. Craignant d'être obligé de l'ac- compagner, et sachant qu'il y avait dans le port un navire apparte- nant à des négociants d'Alexandrie et chargé de marchandises pour cette destination, j'implorai le sultan afin qu'il me laissât partir pour la Mecque. Ayant obtenu son consentement, je me rendis au port, suivi d'une foule d'étudiants, et des personnages les plus éminents de la cour et de la ville. Après leur avoir fait mes adieux, je m'embarquai , le i5 du mois de chaban (26 octobre 1882), et je trouvai enfin le loisir de me retremper dans l'étude.

' Variante : ^j«olyt, Er-Iials. — ' Histoire des Berbers, t. III, p. 110.

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