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Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/116

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108 PROLEGOMENES

courtisans, à tes serviteurs, à des gens désœuvrés, qui ont négligé de les cultiver, à des hommes sans prévoyance et n'ayant aucune connaissance de ce qui convient à la bonne administration d'une ferme. Comme ils approchent du souverain, on les a dispensés d'acquitter l'impôt et l'on a o])ligé, très-injustement, les contribua- bles et les cuhivateurs à payer la différence. Aussi ces malheureux ont-ils quitté leurs terres et abandonné leurs maisons pour aller s'établir sur d'autres terres situées au loin, dont la culture offre de grandes difficultés. Cela a eu pour résultat le déclin de l'agri- culture, la ruine des fermes, l'appauvrissement du trésor public, l'affaiblissement de l'armée et la nnsère du peuple. Aussi les rois tes voisins se flattent-ils de pouvoir s'emparer de la Perse, sachant qu'elle a perdu toutes les ressources qui sont essentielles au main- tien d'un empire. » Le roi, ayant écouté ces paroles, se mit à exa- ' miner l'état du royaume; il ôta les terres aux courtisans pour les rendre aux anciens propriétaires, qui, placés ainsi dans les mêmes conditions qu'auparavant, se mirent à cultiver de nouveau. De cette façon, ceux qui étaient pauvres devinrent riches, le pays se couvrit de moissons, l'argent afflua chez les percepteurs \ l'armée redevint for- midable, tous les abus d'autorité^ furent extirpés, et les villes fron- tières se remplirent d'approvisionnements. Le roi, ayant continué à diriger en personne l'administration de l'Etat, jouit d'un règne heu- reux et rien ne troubla plus l'ordre de l'empire. Cette anecdote nous fait voir que finjustice amène la ruine de l'agriculture et que le dé- peuplement du pays réagit sur le gouvernement, dont il détruit les ressources et précipite la chute. Il ne faut pas faire attention à ^ (une p. 96. objection qu'on pourrait faire; savoir, que) des actes d'oppression ont eu lieu dans les grandes villes de divers empires, sans que cela les ait ruinées. Le tort que ces villes en éprouvent a pour mesure le rapport qui existe entfe ces actes et les moyens dont les habitants peuvent disposer. (Nous voulons dire que) si la ville est grande,

' Pour Jùlxi., lisez sIa^.. — ■ Littéral, «la matière de l'injustice. » — ' La bonne leçon est t^l.

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