Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/349

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D'IBN RHALDOUN.

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��contient. Voilà comment on explique l'introduction de l'injustice parmi les hommes. Que le lecteur comprenne bien cela^

Maintenant, il faut savoir que, dans les populations des villes et des grands pays, les gens de chaque classe exercent de l'autorité sur ceux des classes inférieures, et que chaque individu d'une classe subordonnée cherche à obtenir de la classe immédiatement au-dessus de la sienne une portion d'autorité plus grande que celle qu'il pos- P. 291. sédait déjà. Celui qui l'obtient exerce ensuite sur ses subordonnés une influence plus grande qu'auparavant et réglée, quant à sa force, par l'autorité qu'il vient d'acquérir. Au reste, le pouvoir dont nous traitons est réparti entre toutes les personnes qui travaillent à gagner leur subsistance. Il est grand ou faibje, selon le rang ou la classe que celui qui l'exerce occupe dans la société. Plus il est grand, plus le possesseur en tirera de bénéfices; plus il est faible, moindre sera le profit. Celui qui n'exerce aucune autorité peut avoir de l'argent, mais ses richesses sont toujours en proportion de ses travaux, de l'em- ploi de ses capitaux et des démarches et voyages qu'il a faits dans le but d'augmenter sa fortune. 11 en est ainsi de la plupart des négociants, des cultivateurs et des artisans. Quant à ceux-ci, s'ils ne possèdent aucune influence et se bornent à recueillir les profits de leur métier, ils n'arriveront pas rapidement à la fortune; au contraire, ils tom- • beront presque tous dans l'indigence et la misère. Us aperçoivent, tout au plus, un éclat passager des jouissances de la vie, et c'est tou- jours à force de lutter qu'ils parviennent à éloigner la pauvreté.

Quand on a reconnu l'exactitude de ce principe et compris que l'autorité se répartit entre plusieui's et amène avec elle les biens de la fortune, on conviendra que c'est un très-grand service rendu à un individu que de lui concéder vine portion de celte autorité, et que fhomme auquel on doit une telle faveur est un bienfaiteur de pre- mier ordre. Il l'accorde à un subordonné; il la confère de son plein pouvoir^ et du haut de sa grandeur; aussi la personne qui recherche

��' Pour i^i^, lise/. Ai^i.

��^ Littéral. « de haute main. »

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