Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/223

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DIBN KHALDOUN.

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��L'alcliimie.

Cette science a jMjur objet la substance qui s'emplcJie dans un pro- P- 191- cédé artiilciel pour amener à la perfection l'or et l'argent'. Elle ex- pose aussi l'opération qui conduit à ce résultat. (Les alchimistes) font des expériences sur toute espèce de choses, après eu avoir constaté les tempéraments et les vertus; et cela dans l'espoir que le iiasard leur fera rencontrer la substance douée de la propriété qu'ils re- cherchent. Ne se bornant pas uniquement aux minéraux, ils exa- minent jusqu'aux matières provenant des corps animés, et travaillent sur les os, les plumes, les poils, les œufs et les excréments. La même science indique les procédés qui ont pour but de faire passer cette substance de la puissance à l'acte; comme, par exemple, la ré- solution des corps en leurs parties constituantes^ par {^emploi de la P- 192- sublimation, de la distillation, de la solidification des liquides en les saturant avec de la chaux {calcination) , de la lévigation fies corps durs faite par le moyen du pilon et de la molette, etc.

Ils prétendent retirer de toutes ces opérations un corps naturel auquel ils donnent le nom d'c/ixir (el-ikcîr), et qui, étant projeté sur un corps minéral, le plomb, par exemple, ou l'étain, ou le cuivre, le convertit en. or pur, quand on aura disposé ce corps ou ce métal par une opération, assez facile, du reste, à recevoir la forme de l'or ou de l'argent, après l'avoir chauffé dans le feu. Dans la terminologie obscure et énigmatique de cet art, félixir s'appelle Yâme, et la masse inorganique ' sur laquelle on le projette est désignée par le mot corps.

��' Selon les alchimistes , ta matière dont se forment l'or et l'argent, étant laissée à la seule opération de la nature, n'arrive à sa perfection qu'au bout de mille soixante ans ; on peut abréger cette période par l'em- ploi d'unesubstancc qui s'appelle eWi'nyu, c'est-à-dire la pierre philosophale.

  • Littéral. « naturelles. »

' Littéral, «le corps (djesm). <■ Ce mot

��s'emploie ordinairement pour désigner une masse qui a de la longueur, de la largeur et de l'épaisseur, qu'elle soit or- ganisée ou non. Pour désigner un corps animé par une àme, on se sert du terme djeced. Comme l'auteur emploie ces deux mots dans la même phrase, j'ai cru devoir rendre le premier par masse inorganique . afin d'éviter l'équivoque.

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