Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour chercher des abreuvoirs sous ces nuages, mais l’eau qu’ils espéraient trouver n’était qu’un mirage. Quand il faisait des dons’, il savait offrir ce qui était con- venable, et, même dans ses moindres cadeaux, il observait la juste mesure. Nous renonçons à l’espoir de pouvoir nous consoler depuis qu’il a été frappé par les flèches^ de la mort. Quand il tenait Tarchîch sous ses pieds, cette (ville), toute grande qu’elle était, ne lui suffisait pas’ (pour marchepied), et l’épouvante (de ses ennemis) aboutissait à l’affliction. Bientôt il va la quitter* laissant après lui de jeunes filles aux regards séduisants, à la taille flexible, aux gestes agaçants, qu’on avait élevées avec soin à l’abri de voiles et de rideaux. Quand elles se donnaient des airs de fierté, il montrait de l’orgueil, et il se laissait emporter par l’amour quand elles chantaient leur passion en jouant du tympanon et du rebec. Elles le séduisaient au point qu’il ne savait plus où il en était, et quelquefois il badinait (avec elles) comme s’il était’ un jeune homme. Auprès d’elles il passait des temps (heureux); tout obéissait à P. 382. ses ordres; les mets (de sa table) lui semblaient délicieux, et ce qu’il buvait lui paraissait exquis. Mais les amours d’autrefois sont maintenant défendus pour Ibn Tafraguîn, et, à leur place, il n’a reçu que la mort^. Il avait un jugement solide et de la prévoyance^; il se lançait (dans les affaires comme) une galère sur l’Océan profond ’". Dans les événements imprévus, il faut des hommes d’ac- tion ’^ et de grands chefs, jusqu’à ce que les ennemis’^ restent (taillés) en pièces (sur le champ de bataille), jusqu’à ce que le marché dont les denrées nous sont confiées soit bien achalandé , que nos lances altérées de sang et nos car- quois soient teints en rouge, et que le jeune homme qui en veut à notre domi- nation fortunée se repente (de sa tentative)’* et ne se retire pas avec les dents en bon état. Vous qui gardez le pain en attendant des assaisonnements, vous avez tort : que la mie vous serve d’assaisonnement quand il fait du sirocco .

’ Lisez $$$$.

  • Lisez $$$$.

’ Je lis $$$$ (forme vulgaire), avec les manuscrits et les éditions.

  • Le texte du second hémistiche est altéré et n’offre pas de sens.

’ Lisez (j-^.

’ Lisez «jLàJ’.

’ Pour <Ui=J, lisez Ajt!^

’ Lisez Jo-^. La bonne leçon est Julis. Le sens de ce vers est incertain.

��" Je lis J^UJ , avec le traducteur lurc et rédition de Boulac. Le singulier de ce mot doit être J>*^.

" Le mot $$$ est mis ici pour $$$.

" Littéral. « soit ardent. »

" Il faut lire $$$$, avec la traduction turque, l’édition de Boulac et plusieurs manuscrits.

" Cela paraît signifier : « dans les temps de disette, il faut se contenter de ce qu’on a sous la main , en fait de vivres. »