Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/445

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D'IBN KHALDOLN.

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��Irai une fois chez Ibn Zohr, qui était alors très-âgé, et je portais l'ha- billement de la campagne, parce que je demeurais dans ie château d'Estepa'. Comme il (Ibn Zohr) ne me connaissait pas, je m'assis au dernier rang de l'assemblée. Dans la suite de la conversation, je lus amené à réciter une ode de ma composition, dans laquelle se trou- vaient ces vers :

Le collyre clts ténèbres disparaît de l'œil de l'aurore, au maliii^. Le poignet du la rivière s'est entouré de manchettes vertes , formées par ses bords.

Quand Ibn Zohr eut entendu ces paroles, il tressaillit et me dit : « Est-ce vous qui avez fait cela.^ . Je lui répondis : " Mettez-moi à l'é- preuve! " — Qui ètes-vous.^» me dit-il. — « Un tel, » dis-je. " Montez à la première place, me dit-il, par Allah ! je ne vous connais- sais pas ! » — Ibn Saîd dit : « A la tète de la troupe qui suivit immédia- tement ceux-là se trouvait Abou Bekr Ibn Zohr, poète dont les odes se sont répandues tant en Orient qu'en Occident. » Il ajouta : « J'en- tendis dire à Abou '1-Hacen Sehl Ibn Malek qu'on avait demandé à Ibn Zohr quelle était l'ode de sa composition qu'il regardait comme la plus originale, et il répondit que c'était celle-ci :

Pourquoi cet homme fou d'amour^ ne revient-il pas de son ivresse? Oh ! comme il est ivre! Pouvons-nous ramener les (beaux) jours et les nuits (que nous avons passés) auprès du canal? Voilà qu'on aperçoit dans le zéphyr odorant le (parfum du] musc de Darîn *. Peu s'en faut que la beauté de ce lieu charmant ne nous donne une nouvelle vie! (Voici) un fleuve ombragé de beaux arbres dont les

��Nous avons de lui quelques vers com- posés , les uns à Ceuta , en l'an 58 1 ( 1 1 85- 1 186 de J. C), et les autres à Grenade, en 637 (1239-1240 de J. C).

' Estepa est située dans la province de Séville.

' )1 faut lire «JjLo et ->.LwiJ! , à la place de «.Aiu et ^U-aJl.

' La forme de celte pièce est, en effet, très-originale, ainsi qu'on peut le voir

��dans la transcription suivante. Dans te petit poëme , comme dans presque toutes les odes, la prononciation est celle de la langue vulgaire.

Ma lil-mouleli min sokrou la ^ofîc ya lou sel^ranc ! Hel tostaàd aïyamna bal-khaltdj oua lîalina .' Id yostafad min en-nesîm il-aridj mislto Darijia . Oua id yokad hosn el-mekan il-behldj an yoliyîna. Nehron atotich douli alîli anîc monrec fînane . Oua'l-mayedjri ouâîmeuagl>aric mindjena rlban.

  • Darîn était un port de mer de la pro-

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