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Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/40

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Nous poserons maintenant cette question : Parmi ceux, journalistes ou autres, qui poursuivent de leurs sarcasmes ou de leurs méchantes calomnies ces pauvres frères « ignorantins », quel est celui qui voudrait s’astreindre à leur règlement, par pur dévouement pour l’enfance ? Et, à moins d’être fou, quel est l’homme qui voudrait mener gratuitement une vie semblable, se lever à 4 heures 1/2 du matin pour se coucher à 9 heures, hiver et été, après avoir pris à peine une heure de récréation durant cette longue journée passée au milieu des enfants, s’il n’avait pas conscience d’accomplir un grand devoir et de se rendre ainsi très utile à Dieu, aux âmes, à l’Eglise et à son pays ?

Il n’y a que la religion qui puisse susciter de pareils dévouements. La religion fait les âmes grandes et pures ; or, le dévouement est une plante céleste qui ne croît que sur les sommets, dans les cœurs qui vivent près du ciel et qui aiment Dieu par-dessus tout. Demandez aux âmes que souille le vice ce dévouement qui fait qu’on donne sa vie goutte à goutte, sans espoir de récompense ici-bas, vous les en trouverez absolument incapables. L’homme vicieux est égoïste, il aime pour lui, il n’aime que lui.

L’âme chaste, au contraire, éprouve le besoin de se donner, de se sacrifier. C’est pour cela que les saints ont été les grands bienfaiteurs de l’humanité. C’est pour cela aussi que l’on trouve auprès de toutes les infortunes et de toutes les misères, ces admirables filles si bien nommées les sœurs de charité. « Au lieu de travailler sur le dehors, les saints refont le dedans. Ils transforment les âmes : les leurs d’abord ; puis, par leur exemple, celles des hommes qui les entourent, et, par leurs écrits enfin, celles des générations qui leur succèdent. Ils exercent