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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/176

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Des banques de commerce manqueraient aux règles élémentaires de leur art si elles engageaient directement à long terme, comme le comporte la commandite, les fonds que leurs clients leur confient pour un bref délai. Celles qui le font périssent fatalement.

Des sociétés financières spéciales pour prendre à forfait des émissions de valeurs mobilières et commanditer des entreprises industrielles, en leur fournissant tout ou partie de leur capital sous une forme ou sous l’autre, ont parfaitement leur raison d’être dans notre organisation économique ; mais elles devraient n’engager ainsi que leur capital ou des capitaux qu’elles auraient empruntés elles-mêmes à long terme à titre d’obligations.

En Angleterre, l’instruction du public a été assez développée et les mœurs financières sont assez solides pour avoir imposé cette séparation des fonctions. Les banques de commerce, les banques d’escompte doivent rester et restent effectivement étrangères absolument aux transactions sur les valeurs de bourse. C’est en ce sens que M. de Rothschild à Londres n’est pas un banquier. Les émissions de valeurs sont faites par des maisons spéciales de finance, comme étaient les Baring. D’autres sociétés, qu’on appelle les Share Trust Companies, ont pour fonction de placer les fonds qu’elles ont recueillis sous forme d’actions ou d’obligations en valeurs de certaines catégories, de manière à assurer à ces fonds un revenu moyen et à compenser les risques des placements[1].

En France, cette distinction dans les fonctions des diverses sortes d’institutions financières est presque inconnue.

Les grands établissements de crédit qui se sont formés depuis une trentaine d’années (chap. xii, § 8) veulent faire l’escompte et recevoir des dépôts en compte courant, malgré le peu de bénéfices qu’ils y trouvent, pour se créer une clientèle dans laquelle ils placent leurs émissions : c’est pour cela

  1. C’est là au moins ce qu’étaient à l’origine les Share Trust Companies. On a fondé dans ces dernières années, sous ce nom, des sociétés destinées à faire des campagnes de hausse au Stock Exchange (chapitre ix, § 13).