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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/304

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CHAPITRE VIII

LES ACCAPAREMENTS COMMERCIAUX ET LES SYNDICATS INDUSTRIELS


  1. Ce qui constitue l’accaparement : les préjugés populaires et les erreurs de l’ancienne législation.
  2. Les accaparements anciens et modernes.
  3. Intervention de la Finance cosmopolite dans ces opérations.
  4. Un corner qui a réussi : le Consortium de Turin sur les soies.
  5. Les coalitions de commerçants et d’intermédiaires.
  6. Les syndicats industriels pour régler la production en Europe.
  7. Les consolidations de chemins de fer aux États-Unis.
  8. Les Trusts américains.
  9. Causes spéciales aux États-Unis qui rendent plus dangereuses les combinaisons de capitaux.
  10. Pourquoi les accaparements commerciaux et les monopoles industriels ne s’établissent pas en Angleterre d’une manière permanente.
  11. Des syndicats internationaux pour régler la production sont-ils possibles ?
  12. La Société des métaux et le syndicat des cuivres.
  13. Comme quoi l’histoire se répète.
  14. Le Socialisme et les grandes concentrations industrielles contemporaines.

I. — Avant tout, il faut s’entendre sur ce qui constitue l’accaparement ; car, autrefois surtout, on a souvent flétri de ce nom des opérations commerciales parfaitement légitimes[1]. Il diffère de la spéculation en ce que, tandis que le spéculateur se borne à prévoir les changements de prix de la marchandise et à acheter ou à vendre suivant cette prévision, l’accapareur cherche, comme l’agioteur (chap. vu, § 16), à produire par ses manœuvres la hausse ou la baisse, ou plutôt l’une et l’autre alternativement, et en outre à s’assurer

  1. Tels sont par exemple les faits imputés durant sa vie dans le siècle au bienheureux Lucchesio, l’un des premiers tertiaires de Saint-François. (V. les Acta Sanctorum aprilis, tome III, pp. 596 et 598.) Ces fausses idées remontent à un capitulaire de Charlemagne : « Quicumque enim tempore messis vel tempore vindemiæ, non necessitate, sed propter cupiditatem, comparat annonam aut vinum, verbi gratia de duobus denariis comparat modium unum et servat usque dum venumdare possit contra denarios quatuor aut sex seu amplius, hoc turpe lucrum dicimus. Si hoc propter necessitatem comparat, ut sibi habeat et aliis tribuat, negotium dicimus. » Capitularia regum Francorum (éd. Baluse, Paris, 1788), t. I, p. 727.